Dans ma série d’articles pour vous expliquer ce que je fais comme type de maroquinerie, je commence par vous expliquer le parage. Certains termes sont déjà expliqués dans l’article d’introduction au besoin.
Ce n’est pas la première étape de fabrication d’un accessoire de maroquinerie, mais c’est une étape de préparation importante en maroquinerie dite française. Elle intervient après la coupe des pièces de cuir, et une éventuelle refente.
Le parage, ou parure pour certains maroquiniers, consiste à soit :
- amincir l’épaisseur des différentes pièces de cuir qui vont être assemblées pour former une tranche
- affiner une tranche pour former un « rembord » (replier pour former comme un biais)
- créer une gorge pour aider à mieux plier une pièce selon un angle voulu
On peut parer à la main, ou à la machine appelée « pareuse », à une largeur prédéfinie dans la gamme opératoire du produit.
La parage à la main reste encore utile à maitriser pour des pièces délicates ou des endroits inaccessibles avec la machine. La pareuse est pratique pour sa rapidité.
Le parage à la main
Il existe plusieurs outils pour l’effectuer : le couteau à parer, le couteau à pied ou la rainette. Pour ma part je n’utilise que le couteau à parer, c’est donc ce que je vais vous présenter dans cet article.
On complète l’outillage du parage à la main avec une pierre, en marbre dans mon atelier.
Le parage à la main est une opération délicate car mal effectué, il peut détruire une pièce de cuir. Aussi, l’affutage du couteau est primordial pour garantir la réussite et la sécurité. Car un parage réussi est un parage en un seul passage et sans forcer (même s’il m’arrive toujours de parer une pièce en plusieurs fois, un parage en une seule fois est tellement satisfaisant 😁)
Pour l’affutage, on va utiliser soit une pierre à affuter, soit du papier de verre en différents grains pour l’affutage à la main, ou alors une meule. Pour ne pas avoir à répéter ces longues et fastidieuses opérations mais quand même entretenir notre affutage , on utilisera une planche à affuter, ou strop, avant chaque utilisation du couteau.
Il existe différents types de couteaux à parer : ceux avec ou sans manche, ceux de style français opposés aux couteaux de style japonais. C’est la forme de la lame qui va différencier, et aussi l’acier choisi pour fabriquer la lame.
J’ai travaillé avec un couteau à parer de style et de marque française, avec un manche depuis mon apprentissage, et j’ai recemment choisi un couteau sans manche et de style japonais. J’ai testé un couteau sans manche il y a quelques années, ma prise en main était meilleure et donc le rendu aussi. Ensuite, j’ai profité de mon voyage au Japon pour me procurer un couteau à parer avec un bel acier, et j’avoue que je ne regrette pas mon choix. L’affutage est facile et rapide, et le résultat du parage est magnifique.
Donc, testez différents styles pour savoir lequel vous convient le mieux.
La parage à la machine
La pareuse va effectuer la même chose qu’à la main, mais avec plus de rapidité, régularité et précision, une fois qu’on l’aura bien réglée et mis le pied correspondant au parage attendu.
Car le parage se fait pour obtenir une épaisseur ainsi qu’une longueur prédéfinies. Avec le parage à la main, on est un peu limité pour les épaisseurs, la pareuse sera là plus précise. On pourra aussi plus jouer sur le type de parage voulu, comme le parage en rembord qui servira à replier le cuir sur lui même ou sur une autre pièce.
Je ne vais pas vous expliquer les technicités de la machine mais tout comme le couteau à parer, la cloche, ce qui contient la lame pour parer le cuir, sera à affuter régulièrement pour obtenir un parage réussi. C’est un geste rapide et simple à effectuer puisque la meule est intégrée à la machine, il suffit juste de l’avancer pour affuter, puis la reculer pour arrêter.
Pour vous dire à quel point la parage est important en maroquinerie, j’ai acquis une pareuse avant de pouvoir m’acheter une machine à coudre le cuir. J’ai préféré faire de plus beaux parages, rapidement, et continuer à coudre à la main. La pareuse est certe très bruyante, mais très utile aux artisans qui travaillent le cuir.