La vraie question est surtout : pourquoi le point sellier ? Pourquoi je couds finalement plus à la main qu’à la machine ?🪡
Un article un peu technique et qui parait long mais croyiez moi, je survole pourtant beaucoup le sujet.
Ma découverte du traditionnel point sellier
Lorsque j’ai suivi la formation au CAP Maroquinerie, les Compagnons Du Devoir nous ont appris la couture à la main et donc le traditionnel point sellier. Avec la griffe à roulette, l’alêne losangique et la pince à coudre de côté. La méthode vraiment traditionnelle et pour les puristes : la vraie couture sellier.
Le point sellier, un gage de solidité
La couture au point sellier est dite très résistante car elle a été conçue pour réaliser des pièces d’attelage pour le travail des chevaux, ou des pièces sollicitées à l’usure comme les poignets, ou la maroquinerie de luxe. Ce n’est donc pas anodin que le point sellier soit une des marques de fabrique de la maison Hermès.
Description du point sellier
Coudre au point sellier c’est assembler deux pièces de cuir avec du fil, en général du fil de lin poissé à la cire d’abeille. Ce point est caractérisé par son inclinaison ainsi que par l’espace entre chaque point, mais aussi parce qu’il se coud avec 2 aiguilles. Je vous renvoie sur ma page d’accueil pour voir la mini vidéo où je couds la pochette Harold à la main, pour mieux comprendre mes propos. Sinon, il y a une multitude de vidéos montrant en détail la couture au point sellier sur Youtube.
J’étais contente d’apprendre cette couture, alors qu’elle n’était pas au programme du CAP. J’avais le sentiment de vraiment rentrer dans le monde artisanal avec cet apprentissage. Mais, comme pour tout apprentissage, il faut pratiquer, repratiquer et encore pratiquer. En effet, ma première couture était moche et surtout pénible et laborieuse. Quant à la pratique, elle s’est avérée douloureuse physiquement.
Il faut souffrir pour bien apprendre
Oui, utiliser la griffe à roulette, les premiers temps, est douloureux : on pose la griffe contre l’épaule, on la tient avec sa main pour guider, puis on pousse avec son épaule pour marquer le cuir. Donc quand on part sur des km de couture main, on va marquer autant de km de cuir en poussant avec son épaule. A force, ça fait mal, ça crée même une sorte de boule à cet endroit.
Sans parler des doigts qui manipulent les aiguilles et l’alêne, qui doivent parfois tirer fort sur l’aiguille pour qu’elle passe dans le trou crée par l’alêne etc. Et les résultats, du moins pour moi, ont mis du temps à être satisfaisants. Quant à la pince à coudre, dite française… Elle a juste rappelé à mes souvenirs que je vieillissais et donc mon dos n’aimait pas trop cette posture légèrement tournée😰 Donc problème postural, douleurs physiques et frustrations au départ.
La couture « moderne » …
J’ai fini par pouvoir m’acheter 2 griffes à frapper (le matériel de maroquinerie de qualité, est assez cher), une à 2 dents et une à 5 dents, histoire de passer à la couture au point sellier moderne. Ça a déjà été un sacré changement et un petit gain de temps.
Là où je galérais pour parfois voir où le point était marqué avec la griffe à roulette sur le cuir, pour défoncer ce dernier (oui, oui, c’est le terme en maroquinerie😄) à l’alêne losangique, je n’avais plus qu’à passer les aiguilles et coudre. L’alêne losangique toujours en main, mais le cuir étant déjà pré-défoncé, ou prépercé, le travail se fait plus facilement. Et les points sont plus beaux et réguliers. Il faut quand même garder les bons gestes avec les mains et bras pour avoir le bon angle d’inclinaison du point, mais franchement, ces griffes à frapper sont un « game changer » comme disent les anglophones.
Le seul inconvénient c’est le nombre de dents. Pour coudre des ceintures ou bandoulières par exemple, ma petite griffe à 5 dents atteint ses limites ; il me faudrait une griffe à 10 ou 15 dents par exemple. Ça viendra 🤞🏽
… ou la couture rapide
Il y a 1 an, j’ai enfin acquis une machine à coudre le cuir🥳 Celle que je convoitais depuis la fin de ma formation. L’entreprise se lançait en même temps, c’était top pour moi. Sauf qu’il m’a fallu rapprivoiser la dite machine 🤯 Ah oui, c’est une machine industrielle, parfaite pour coudre le cuir mais aussi les matières très épaisses et/ou lourdes. Pour avoir le rendu du point sellier, il suffit de lui mettre l’aiguille adéquate. Donc niveau esthétisme et solidité on y est. En ajoutant la rapidité par rapport à la couture main.
Mais il me manquait un truc au final 🤔 je n’avais plus la sensation de faire de l’artisanat à proprement dit, mais que je passais plus dans l’industriel. Pour une meilleure rentabilité et rapidité, les outils industriels sont bien sûr, parfois nécessaires, je suis la première à tester et utiliser les nouveaux outils, la technologie pour m’aider. Cependant, mon ressenti est très important pour moi, et là, je ne ressentais que du froid à coudre à la machine🥶 Alors j’ai repris le chemin de la couture main.
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Pour mieux revenir aux traditions
D’abord, j’ai triché avec ma pince à coudre, en m’asseyant sur une chaise de bar et en tenant ma pince verticalement entre mes jambes. Ainsi, je cousais comme avec une pince droite. J’avoue que c’était parfois bancal et fatiguant de rester en tension tout le temps de la couture pour maintenir la pince.
Je recherchais un valet de couture pour remplacer ma pince. Mais cet outil ancien ne se fait plus ou est alors très cher. Et les valets de couture modernes ne me plaisent pas avec leur système de serrage/desserage pour replacer sa pièce à coudre. Avec le valet, comme avec la pince, il n’y a qu’à déplacer les pieds pour ouvrir la pince, replacer la pièce à coudre puis remettre ses pieds (sa jambe pour la pince).
J’ai donc fini par m’offrir une pince à coudre droite coréenne, qui même avec les frais de port et de douane, me revenait moins chère qu’un valet de couture. Le système d’ouverture-fermeture de la pince se fait avec le pied sur une pédale. Et j’ai en plus un système de « branche » pour retenir les longues pièces à coudre qui pourraient gêner, comme par exemple lorsqu’on coud un grand sac. La qualité est au rdv, il me manque juste à la gainer de cuir sur le haut de la pince et elle sera parfaite.
Coudre pour s’apaiser, méditer
🤗J’ai donc retrouvé la partie chaleureuse que j’aime avec la couture du cuir, ainsi que le côté méditatif💆🏾♀️ C’est certes plus long que de piquer à la machine, mais j’aime vraiment cette pratique. Je couds toujours mes prototypes à la machine par contre. Parce que je suis impatiente de voir le rendu😬, mais aussi parce que ça me permet de calculer le temps de confection plus rapide que lorsque je couds à la main… Et donc de ne pas répercuter le prix de ce long travail sur le prix final de mes sacs. Oui, oui, je pense aussi à votre porte-monnaie💶.
Même s’il y aura des pièces des collections temporaires que je vais obligatoirement coudre à la machine, je vous laisse quand même le choix de la couture main ou machine pour les pièces de la collection permanente. Je ne vous impose pas la patience nécessaire à la couture main, si vous désirez avoir votre sac plus rapidement. Tout en sachant que je ne travaille pas dans la précipitation quoi qu’il en soit, et que la rapidité d’exécution de votre commande dépendra aussi du nombre de commandes reçues précédemment. Mais, pour celles qui ont déjà passé commande auprès de moi, vous le savez, je vous envoie un petit message pour vous avertir et vous dire où j’en suis et quels sont mes délais d’exécutions et livraisons. Et comme mentionné dans les conditions générales de vente, je m’engage à vous livrer votre commande dans un délai de 90 jours après réception de votre commande.
Voilà pour le petit rappel des règles, pas agréable je le sais, mais nécessaire à notre bonne entente et compréhension des 2 côtés.
☝🏾J’ai un réel plaisir à vous confectionner les créations qui sortent de ma tête, du simple, classique ou plus farfelu, et vous l’aurez compris, j’adore coudre à la main. N’ayez donc aucun scrupule à choisir une couture main pour votre sac ou autre accessoire de maroquinerie. 🫶🏾C’est vraiment fait avec le coeur (et en plus, souvent devant une de mes séries tv du moment, mais chut, ça reste entre nous🤫). Si la couture main ne m’est pas possible sur une création, je le mentionne dans la description, de même que si j’en ai l’impossibilité temporaire (cause santé 🤕ou plus le matériel nécessaire par exemple).
Donc à très vite pour vous coudre votre prochain sac 😉